Des Etats-Unis à la Chine, en passant par l’Europe, retour sur la carrière de Ieoh Ming Pei, entre succès de la Bank of China et controverses de la Pyramide du Louvre. Methods Studio vous propose une rétrospective de l’œuvre de cet architecte très prolifique, qui aura marqué de son style le XXème siècle.
Ieoh Ming Pei : De Chine en Amérique, à la conquête du monde, sa biographie
1917 – 1955, De l’enfance en Chine aux études d’architecte en Amérique
Né en 1917 à Canton (Chine), Ieoh Ming Pei, dit I. M. Pei est un descendant de la dynastie Ming. Evoluant au sein d’une famille de haut rang localement, il grandit à Hong Kong, puis Shanghai, suivant son père directeur de la Bank Of China.
A l’âge de 17 ans, il est admis dans plusieurs écoles supérieures dans le monde. Il choisit les États-Unis et part faire ses études à l’université de Pennsylvanie, attiré par la proposition d’études en architecture proposée par l’université.
Il poursuit ses études au Massachussetts Institute of Technology (MIT) à Boston, en section ingénierie du bâtiment, et sort diplômé architecte en 1940. Il rejoint la Harvard Graduate School of Design, qu’il abandonne moins d’un mois plus tard pour rejoindre l’effort de guerre avec les États-Unis. Il revient à Harvard à la fin de la guerre, en tant que professeur pendant deux ans.
Il travaille quelques années pour un cabinet d’architecture à New York, puis crée en 1955 la société I. M. Pei & Associates. Il se distingue de ses pairs par l’utilisation de maquettes architecturales développées pour ses projets. C’est en 1954 qu’il est naturalisé américain.
1962 – 1978 Le développement de Pei aux États-Unis et l’ouverture à l’international
I. M. Pei passe à l’international en 1962, en concevant ce qui sera à l’époque le plus grand building du Canada.
Boston, Oklahoma City, Washington, Dallas, New York, I. M. Pei impose son style aux quatre coins des États-Unis. La mort de John Fitzgerald Kennedy crée une vague de construction de bâtiments commémoratifs, dont Pei sera l’un des architectes les plus prisés.
1978 – Le retour en Chine et l’affirmation du style Pei
En 1978, Pei cherche à revenir en Asie. C’est naturellement vers la Chine, son pays d’origine, qu’il se tourne, et c’est à Pékin qu’il décrochera son premier projet en Chine. On lui confie la reconstruction de l’hôtel Fragrant Hill, dans le parc Xiangshan à Pékin. Suivront de nombreux projets en Asie, comme la tour de la Bank of China à Hong Kong, ou le musée Miho près de Kyoto au Japon.
Médaille d’or de l’architecture, Prix Pritzker, Lifetime achievement Award sont quelques-unes des nombreuses distinctions que Pei a reçues dans sa carrière d’architecte pour consacrer son style résolument moderne, jouant avec les formes géométriques pour se lancer des défis technologiques. Pureté des formes et efficacité fonctionnelle sont au cœur du style Pei.
La pyramide du Louvre, de la polémique à la consécration
Une pyramide en plein Paris, un projet ambitieux
Lorsque Pei est mandaté pour travailler sur la rénovation du musée du Louvre, il veut proposer un projet entre modernité et antiquité, bien représentatif du musée du Louvre. De par la disposition du musée, Pei veut en déplacer l’entrée au centre, c’est-à-dire au milieu de la cour Napoléon.
Pourquoi avoir choisi une pyramide ? Et pourquoi la Pyramide du Louvre est-elle en verre ?
La forme de pyramide s’impose d’elle-même à Pei. Forme géométrique et utilisation du verre, pleinement dans le style Pei, forme de pyramide renvoyant à l’Égypte antique et à l’obélisque de la Concorde, la pyramide laisse entrer la lumière pour créer un espace en sous-sol d’une grande clarté.
Pourquoi la Pyramide du Louvre a-t-elle fait polémique ? Comment est-elle devenue une œuvre majeure de l’architecte Pei ?
Au lancement du projet, l’opinion publique est à 90% contre l’idée d’une grande pyramide en plein Paris.
Les critiques fusent, certains la trouvent trop moderne pour le Louvre, elle serait trop excentrique et pas digne de l’architecture classique du Louvre, d’autres la jugent trop fragile et difficile à entretenir, enfin certains y voient un caprice politique du président de la République.
François Mitterrand, à l’origine du projet, et Pei font appel à d’autres personnalités politiques de l’époque pour aider à changer l’opinion publique. Jacques Chirac, alors maire de Paris, installe une maquette grandeur nature de la pyramide, qui commence à dissiper les craintes des français.
Lors de l’inauguration de la pyramide, l’opinion publique atteint 56% d’avis positif sur le projet. Aujourd’hui, plus personne ne se pose la question, la pyramide du Louvre est l’un des monuments les plus emblématiques de Paris, et est connue dans le monde entier.
Incontestablement, la Pyramide restera la plus grande et la plus difficile des réalisations de l’architecte I. M. Pei.
Tour du monde des principales réalisations de l’architecte I. M. Pei
La tour de la Bank of China, Hong Kong
Probablement le second bâtiment le plus emblématique de Pei, la tour de la Bank Of China à Hong Kong a été inaugurée en 1989. Les autorités chinoises veulent avoir une place forte à Hong Kong avant la rétrocession du territoire à la Chine (1997), afin d’anticiper la montée des échanges économiques entre Hong Kong et le reste du monde. Le père de Pei ayant été directeur de la Bank of China, c’est naturellement que les autorités contactent Pei pour réaliser le projet.
Pei réalise un gratte-ciel constitué d’une structure en treillis visible qui répartis correctement les charges sur la faible emprise au sol du bâtiment, et recouvre les façades de grands panneaux de verre. Les toits sont en pente pour augmenter la verticalité du bâtiment.
Le bâtiment est conçu pour résister aux fortes contraintes de résistance au vent imposées par les autorités Hong-Kongaises.
La bibliothèque Kennedy, Boston
La famille Kennedy veut créer un mémorial approprié pour l’assassinat du président John Fitzgerald Kennedy. Plusieurs grands architectes sont mis en compétition, mais c’est finalement I. M. Pei qui est choisi par la veuve du président, appréciant le style architectural de Pei et aimant sa façon d’aborder chaque projet de façon unique.
La complexité du projet réside dans l’étendue de ses fonctions : musée, archives présidentielles, bibliothèque et institut de sciences politiques. Le projet initial était une grande pyramide de verre au centre du complexe. La pyramide est finalement abandonnée par une résistance populaire, qui ne veut pas que leur quartier devienne un lieu trop touristique. I. M. Pei rangera son idée de pyramide dans les cartons, jusqu’à se voir confier la rénovation du musée du Louvre.
Devant la fronde populaire, il est décidé de déplacer le lieu de construction du projet. Le nouveau lieu pose cependant des problèmes car trop loin des systèmes d’égouts. Le projet final, inauguré en 1979, est constitué d’un grand atrium vitré carré avec une tour triangulaire et une passerelle circulaire.
Ce projet, cher au cœur de Pei, ne lui apporta finalement pas satisfaction, devant toutes les contraintes et changements, qui ont finalement dénaturé son projet initial.
Le Rock and Roll Hall of Fame, Cleveland
Les années 90 sont un tournant pour Pei, qui âgé de plus de 70 ans, commence à prendre du recul dans son entreprise et se tourne vers des projets plus modestes, et autorisant plus de créativité. Son dernier projet majeur sera donc le Rock and Roll Hall of Fame. Certains considèrent la culture Rock comme inférieure aux cultures « classiques ». C’est ce qui plait à Pei, donner une aura et une respectabilité à un bâtiment accueillant une culture résolument plus moderne.
Les visiteurs sont accueillis par un grand mur de verre, comme une partie de pyramide. Le reste du bâtiment est constitué d’éléments décentrés et d’angles vifs, censés donner de l’énergie à la structure, et insuffler la rébellion et l’esprit rock au bâtiment. Une grande salle de concert circulaire est placée en hauteur sur un mince pylône central.
Le bâtiment donnera une aura nationale à Cleveland, qui bénéficiera des retombées économiques de cette nouvelle attraction touristique.
I. M. Pei aura marqué l’architecture du XXème siècle, avec son style résolument moderne et tourné vers le verre. Ses projets sont connus dans le monde entier, et donnent une aura à chaque ville, musée ou projet qui a fait appel à lui. La quantité impressionnante de prix et distinctions qui lui ont été attribuées font de lui l’un des « Starchitects » majeurs de l’ère moderne.
Pour aller plus loin sur I. M. Pei
- Les 10 chefs d’œuvre du créateur de la pyramide du louvre par Le Figaro
https://www.lefigaro.fr/culture/ieoh-ming-pei-les-dix-chefs-d-oeuvre-du-createur-de-la-pyramide-du-louvre-20190516
- L’hommage de Jean Nouvel à I. M. Pei
https://www.youtube.com/watch?v=R46EwLEbMaw
- M. Pei, l’architecte de la pyramide du Louvre
https://www.youtube.com/watch?v=UmlDNJe_i6A
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